« La vie, c’est comme la bière : tout est une histoire de dosage. » A l’instar d’une bière bien dosée, la vie est bonne lorsqu’elle est bien équilibrée. J’ai donc vite compris que « profiter », c’est aussi savoir s’arrêter au moment adéquat.

« La vie, c’est comme la bière : tout est une histoire de dosage. » A l’instar d’une bière bien dosée, la vie est bonne lorsqu’elle est bien équilibrée. J’ai donc vite compris que « profiter », c’est aussi savoir s’arrêter au moment adéquat.
Littéralement, « tu marches toute seule ? » C’est la question qui m’a le plus souvent été posée, avant même ma nationalité, mon âge ou mon prénom. Puis, en baissant le ton de la voix, ils me susurraient systématiquement : « No tienes miedo ? » (« tu n’as pas peur ? ») Peur de quoi ? De me perdre ? De m’ennuyer ? D’être agressée ? La réponse est non, car je n’étais jamais seule.
Vagabonder de pays en pays, passer des frontières en un claquement de doigt, être 24/7 heureux et souriant, rencontrer des personnes géniales en permanence, découvrir des lieux incroyables tous les jours, acheter des souvenirs pas chers, goûter toutes les délicieuses spécialités culinaires d’une autre culture. C’est cela la magie du voyage dont tout le monde rêve ! Le rêve n’est qu’une partie du voyage.
J’ai quitté le nombril inca pour me diriger tout droit vers la côte péruvienne. Tout paraissait parfait sur le papier ; mais sur place… j’ai vite déchanté ! Ce petit bout de route entre Cusco et Nazca (500km) consistait à traverser une plaine géante à 3500m d’altitude exposée en plein vent... Autant dire qu’il aurait fait plus chaud dans une chambre froide !
Les croyances incas sont extrêmement puissantes ! Elles ont poussé Pachacútec à ériger l’une des 7 merveilles du monde en haut d’une montagne sans fard, au milieu de nul part. Au fond d’une forêt dense et sauvage prennent place des temples, des pierres sacrées, des rochers empilés formant les murs de quelques habitations étroites, et des cultures en terrasse : le Machu Picchu.
Pour renforcer un sentiment d’appartenance à une nation, la technique de critique du voisinage permet d’expulser tout défaut inacceptable pour sa propre culture, se convaincre que les autres le sont mais pas nous, et ainsi se sentir mieux parmi les siens. L’Amérique du Sud ne fait pas exception à la règle. Je suis arrivée ici avec l’idée que la Bolivie, c’est : le pays des Quechuas, le pays d’Evo Morales qui veut piquer le Nord du Chili, le pays des pauvres et donc des voleurs, le pays de la mauvaise hygiène alimentaire, le pays de la turista, et le pays des mauvaises routes. Préjugés !
Il y a des millions d’années, les plaques tectoniques se sont entrechoquées et ont surélevé en altitude toute une zone plane située en pleine Cordillère des Andes, que le Chili, la Bolivie, l’Argentine et le Pérou se partagent : l’Altiplano. C’est un plateau de 1500km2 à 3300m d’altitude en moyenne, la 2ème plus haute région habitée au monde après le Tibet. Les poumons manquent d’air, les cœurs se musclent, certaines personnes vomissent en arrivant aussi haut, et d’autres mâchouillent des feuilles de coca en s’émerveillant devant la beauté exceptionnelle de ces lieux ! Faisant partie de ce 2ème groupe de personnes, je suis allée me perdre dans cette haute étendue sèche et salée.
Cheveux dans le vent, larges yeux rivés sur l’horizon, oreilles grandes ouvertes au son des vagues, narines chatouillées par les odeurs routières, et neurones concentrés sur les phrases compliquées des passionnés qui partagent leurs secrets. « Tous sens éveillés »est ma manière de profiter du voyage. Je suis sur les routes depuis 2 semaines, m’arrêtant 3 jours par-ci, puis le lendemain 300km plus loin.
Depuis 3 mois sur le continent, j’ai rencontré des dizaines de motards, passionnés, en groupe, en couple, en solo, en famille sur un scooter, en cross qui avale 8L/100, en 150cc qui se faufile entre tout poids-lourd, voyageant avec leur propre moto depuis l’Europe ou l’Australie, programmant de tout voir tout faire tout visiter à moto, aller d’un bout à l’autre du continent (le fameux Ushuaïa-Alaska à moto), roulant contre vents et marées, fous de traverser la Patagonie la moto couchée par le vent latéral sur des centaines de kilomètres… et ils s’en donnent à cœur joie ! A chacun son style. Moi, j’ai mis 3 mois pour trouver le mien.
Il y a des villes comme ça… vides de charme et pleines de fric. Santiago en fait partie. A défaut de charmer ses visiteurs, elle donne du travail à ses habitants. Et elle le fait bien !