« La vie, c’est comme la bière : tout est une histoire de dosage. » Cette phrase hautement philosophique m’a échappée des lèvres le jour où je dégustais une bière artisanale, dont la composition et les proportions exactes des ingrédients étaient fièrement placardées au mur du bar. A l’instar d’une bière bien dosée, la vie est bonne lorsqu’elle est bien équilibrée. J’ai donc vite compris que profiter, c’est aussi savoir s’arrêter au moment adéquat. Le voyage n’étant pas hermétique à la routine, tout périple peut tendre, à un moment donné, vers un caractère redondant, au même titre qu’un quotidien laborieux. Être d’évolution, l’homme se sent Homme lorsqu’il se meut constamment dans le progrès (personnel ou collectif), d’où le pouvoir d’imagination, créant les idées, impliquant les projets, provoquant les changements. Tout n’est que transition, il ne tient qu’à nous de les amortir.
C’est pourquoi, pour amortir ma fin de voyage, j’ai choisi de passer une dizaine de jours là où je me sentais le plus « à la maison », au Chili. A l’aise aux côtés de Richard et Elena, je suis revenue chez eux pour mes derniers jours en Amérique du Sud. J’ai partagé leur quotidien et me suis inspirée de leur légèreté pour digérer 6 mois de vagabondage, de mouvements permanents, de bonds géographiques, d’aventures et de découvertes.
Prête et ressourcée, j’ai fait ma valise et suis rentrée. Ce retour était choisi, non subi. Au départ de mon voyage, il m’avait paru essentiel d’avoir le choix sur ma date de retour et de revenir simplement au moment où cela me conviendrait. Le libre-choix… un mentor se tue à démontrer quotidiennement qu’« être libre, c’est avoir le choix. » C’est donc cette idéologie que j’ai suivie, et ainsi la France ne m’a pas surprise. Je suis même rentrée le sourire aux lèvres à l’idée de retrouver des endroits familiers, des repères spatio-temporels, des parents, ou encore de pouvoir renseigner les touristes dans la rue et de comprendre trop facilement les conversations de tout le monde dans le train ou sur la plage.
Les environnements sont évidemment différents, les rythmes de vie, les buts de chacun, les interactions sociales, l’air aussi peut-être. Alors, je dis adieu aux airs de la grande Nature, pour revenir naviguer dans l’air de la société « civilisée » (surtout civilisatrice). Je dis adieu à l’éphémère, pour construire un avenir sédentaire. Je dis adieu au rapport d’étrangeté, pour développer mon côté familier. Je dis adieu aux improvisations téméraires, pour profiter de la jovialité de la Coupe. Je dis adieu au petit péruvien qui lève son chapeau sur mon passage dans son village de haute montagne, pour retrouver celui qui m’a toujours aimée.
Mais j’emporte un petit bout d’Amérique du Sud avec moi ! Car je n’ai pas changé, j’ai évolué. Inspirée, c’est avec enthousiasme que je reviens consommer sans modération les plaisirs de l’été français.
Nous te souhaitons un très bon retour parmi les tiens. La vie n’est que des sérances mises les unes au bout des autres. Soit heureuse. Bises. F et JP.
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