Je suis passée de Córdoba à Puerto Madryn d’une traite, sans nuit, sans répit. L’aventure a commencé un dimanche matin très tôt, 5h37 pour être précise, après avoir fêté l’anniversaire de Nelson, mon hôte et ami de Córdoba. J’avais choisi ma destination en regardant les offres de covoiturage qui partaient de cette ville. Puerto Madryn sonnait bien. Qui dit « port » dit « mer », qui dit « mer » dit « plages »… Mon covoitureur s’appelait Pablo. Il m’explique dans un espagnol ardu et argotique qu’il est venu acheté une vieille voiture à Córdoba et qu’il tire donc un plateau sur lequel gît sa trouvaille. Le voyage s’annonce long… En effet, 1350km, le GPS annonçait 15 heures, on en a mis 22, et le tout sous une chaleur écrasante. Rouler de Córdoba à Puerto Madryn en été, c’est comme rester dans un four à 180° chaleur tournante pendant une journée. Le soleil travaille en équipe avec la longueur des routes qui se montrent interminables sans un virage pendant des centaines de kilomètres, où seules quelques fougères font office de décor. Ce paysage désertique est comme un paradis des campagnes, mais elle met à rude épreuve tout homme qui tente de le traverser. Le temps finissait par s’arrêter, tout ralentissait, les minutes du GPS descendaient plus lentement, la musique était lente, Pablo décèlerait, s’endormait. Nous perdions l’énergie de notre motivation matinale au fur et à mesure que l’ampleur du voyage s’éveillait à notre conscience. Ce moment de ralentissement nous a ramenés à notre réalité : la route nous gagnait.
Finalement arrivés à 3 heures du matin, je me suis écroulée jusqu’au lendemain, où au réveil, j’ai découvert la mère, la grand-mère et le grand-père de Pablo attablés au petit-déjeuner, et ses enfants devant l’ordi. Dans cette maison familiale, quatre générations cohabitent. Leur quotidien est rythmé par les rendez-vous des repas, où tous se réunissent autour de grandes tablées. L’ambiance y est conviviale et accueillante. Chanceuse, ils me proposent de rester le temps que je veux. Depuis une semaine, je suis donc logée et nourrie dans ce foyer cosy, et considérée comme un membre à part entière de leur famille. Une cousine, une tante lointaine, une nièce, peu importe le nom, ils m’ont créé une place chez eux, que j’ai adoré occuper à leurs côtés.
La découverte de Puerto Madryn m’a estomaquée ! C’est une petite ville côtière qui ressemble à quelques pâtés de maisons parachutés dans un désert aride et pierreux, tel celui de Karakoum. Au XIXème siècle, les conquérants du « nouveau monde » – convaincus de la bienfaisance de leurs actions – se sont avancés dans une terre brute, grignotant son désert avec des bâtiments en brique rangés dans des rues parallèles, poussant une Nature sèche et sauvage ainsi que ses peuples primitifs. Les croyances humaines changent, l’environnement naturel s’adapte. Au musée de l’Homme et de la mer de Puerto Madryn, logé dans une bâtisse qui ne paie pas de mine, le sujet est admirablement bien abordé, mettant en exergue la raison d’être de la ville, son évolution, ses forces et ses failles.
Pour maintenir cette nouvelle civilisation, un circuit économique s’est construit. Ici, on vit de la pêche et depuis 1974, de l’aluminium. A Puerto Madryn, Aluar est le plus grand groupe de fabrication d’aluminium de la province, employant plus de 1200 personnes. Certifications ISO 9001 et ISO 14001 encadrées dans l’entrée (avec traduction anglaise pour que les touristes en saisissent le sens), cette entreprise maintient fièrement les ressources financières de la ville et de toute la province de Chubut. Moderne, vivant, en constante évolution, le groupe réinvestit dans des champs d’éoliennes et cherche en permanence à actualiser ses ressources d’énergie.
Mais rassurons-nous, la Nature n’a pas totalement boycotté Puerto Madryn. C’est aussi le nouveau monde des animaux ! A 70 km de la ville, la Péninsule Valdès est un lieu privilégié pour les manchots qui y séjournent à l’année, les éléphants de mer et phoques qui s’exposent en rang d’oignons sur les plages, et les orques qui viennent se faire un festin de temps en temps. « Certains touristes attendent depuis trois jours, mais ils n’en ont pas encore aperçu ! C’est une question de chance ! », nous a-t-on affirmé. Dans notre cas, nous avions prévu qu’une après-midi. Bien qu’ayant le désir ardent d’entrevoir une orque – voire même d’assister à une scène de dégustation de phoque – nous nous contentons des manchots, ces délicieux petits oiseaux, fidèles, mignons, vaillants et téméraires, qui s’approchent à un mètre à peine des spectateurs. Devant le bain des phoques et la plage de bronzage des éléphants de mer, nous profitions du paysage pour faire quelques jeux et boire du maté. Fatigués, tout le monde veut rentrer. J’insiste pour faire une dernière photo-souvenir dans cette contrée idyllique, l’un de nous se retourne, puis elle apparaît ! Inespérée, inattendue, majestueuse, elle vient respirer à la surface de l’eau, longeant la plage, naviguant, zigzaguant proche de ses proies : l’orque. Pour notre plus grand bonheur, elle nous fait l’honneur d’un poirier queue en l’air, plongeant dans les bas-fonds de la mer, sous les yeux ébahis et admiratifs des quelques chanceux du coin.
Finalement, la patience paie. Sans pression, sans attente, survient la réalisation de nos désirs, lorsque notre bonheur se cale sur ce que la Nature daigne nous donner.
¡¡¡Hola hermosa!!!, esperando con entusiasmo para leer cada uno de tus episodios, pididendo a Dios te bendiga y te haga encontrar siempre en cada paso que des a una buena persona, y que el camino te lleve a conocer nuevos y espectaculares paisajes y personas que te nutran y llenen de experiencias bellas para contar que sólo vos nos sabrás describir, hacer querer con tus apasionados relatos, ¡Adelante, siempre sonriente y positiva!, aquí dejaste una familia que siempre te va a recordar con mucho cariño.
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Hola Miriam ! muchas gracias para tus palabras ! Siento que escribas con el corazón y es muy emocional para mi.. ❤ no me olvidaré de ustedes y cuando tengo la ocasión de venir en Puerto Madryn, me voy a abrazar ustedes 😀 Esta semana estaba un hermoso momento y me sentí muy cómoda, como en mi propio familia. Muchas gracias para eso 🙂 os hecho de menos !! Besos
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…je rattrape le retard de lecture ..ou plutôt je dévore ..!!!
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