Español

« Paris-Dakar ! Paris-Dakar ! », criait mon père dans le salon pour annoncer le début du résumé journalier, en guise de requête de silence. Tous les mois de janvier, ce rituel rythmait nos soirées. Déjà petite, j’écoutais religieusement les nouvelles du Dakar et regardait avec attention et parfois interrogation ces pilotes qui s’éclataient dans le désert. Cette année, le rallye se terminait à Córdoba, une ville dans le Nord de l’Argentine. Motarde que je suis, je ne pouvais pas rater cette occasion pour voir réellement à quoi ressemble cette mythique course.

C’était aussi le but de Swan, un marseillais rencontré à Buenos Aires. Sociable, rigolo et partant pour tout, cet expat a été mon compagnon de voyage pour Córdoba. Tout était bien planifié : 3h30 du matin, fraîchement revenus d’une soirée de folie passée au concert de la Bomba de Tiempo (un groupe de percussions qui met le feu), un bus, un train, et nous voilà à l’extrémité de la ville pour retrouver un covoitureur. 6h- nous sautons dans une mini-clio 2, nous, le covoitureur, un autre passager et nos 15 sacs sur les genoux. 6h10- j’avais déjà mal partout !

A Córdoba, grand luxe ! Nelson nous accueillait dans un magnifique loft moderne aux larges baies vitrées et salles ouvertes. Un grand sourire lui fendait le visage en permanence, notre hôte était un amour au petit soin avec nous. Il a même annulé sa semaine de boulot pour nous faire découvrir sa ville et les alentours. Dique los Molinos, Cosquin, Carlos Paz, Alta Gracia, etc. tout a été passé au peigne fin. Nous étions comme 3 compères se baladant dans la province de Córdoba tout en buvant du maté (pour faire local). Cette semaine, un derby se jouait dans le nouveau stade de la ville. Une belle occasion de découvrir la fervente passion du foot argentin ! Cette ambiance était extraordinaire, mêlant passion à joie, prières à chants, feux d’artifice à sifflements… Pourtant novice en foot, je me suis sentie emballée par l’entrain général et ai chanté sauté et prié comme tout le monde dans mon camp.

À quelques kilomètres de Córdoba se trouve Alta Gracia, la ville d’enfance de Che Guevara. Inévitablement, nous nous sommes rendus sur les lieux pour se remémorer l’accomplissement de ce révolutionnaire. S’en tenant à une présentation de sa vie privée, le musée ne prend pas parti sur ses idées politiques et les aborde peu. Mais le Che est aussi l’homme qui s’est construit à travers le voyage, notamment en moto. Dans un coin de son ancienne maison, gisait là sa Norton 500 de 1939 « La Poderosa II », poussiéreuse et pneus à plat. Peut-être pour dissuader les passionnés de vouloir l’essayer !?

Dans le même village se trouve également la maison de Manuel de Falla, un compositeur espagnol ayant fuit la 2^nde guerre en Argentine. La maison est beaucoup moins visitée, mais présente un tout autre avantage : les objets exposés sont utilisables ! Je me suis donc retrouvée à jouer sur le piano original de ce célèbre compositeur espagnol, enchantant mon ami et la gardienne du musée.

Notre séjour à Córdoba s’est conclu sur les festivités du Dakar. Entre ferias, jeux-concours, concerts, bivouacs et cérémonie de remise de prix, nous étions servis ! Le soir de l’arrivée, les concourants ayant passé la ligne d’arrivée avaient leur heure de gloire en ville. Tel un défilé de top model, tous se succédaient sous les applaudissements des quelques spectateurs et avaient carte blanche pour leur show. Drift, roue avant, stunt, Y, tout était permis. D’autres se contentaient de passer, peut-être à l’image de leur frustration de ne pas avoir gagné ?

Dans cette ville réputée pour son université vieille de 400 ans, mon séjour a été chargé en passions et allégé en sommeil ! …la passion du voyage 🙂