Episode #6 : A la recherche de la perle rare…

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Ah, la moto ! Ce petit assemblage de ferraille monté sur deux roues. Deux roues qui remplacent deux jambes pour avancer, foncer, porter des sacs… Quelle belle invention que la moto ! Ça ne prend pas de place, ça se faufile, ça se gare partout, ça passe partout. Voilà pourquoi tous les motards en deviennent accros. Pour trouver la mienne, j’ai jeté mon dévolu sur Buenos Aires. Mais je me suis vite retrouvée confrontée à la dure loi du marché argentin, qui est telle que le moindre engin roulable vaut une fortune ! Peu importent les kilomètres, l’année, l’état du moteur, le compteur trafiqué, phares/pas phares, rétro cassé, selle déchiquetée, parallélisme biaisé… ; bref, si ça peut rouler, ça vaut cher. En effet, deux roues présentent un avantage considérable dans ce pays où certains travaillent à pied (on voit des hommes tirer des énormes carrioles remplies de cartons à revendre pour trois francs six sous).

Dans mon projet, l’acquisition d’une moto symbolise l’accès aux zones reculées et surtout, mon affranchissement aux transports en commun ! J’ai fait l’expérience de la touriste paumée dans le réseau extrêmement complexe des bus de ville de Buenos Aires. Retrouver son chemin au milieu de la forêt amazonienne aurait été plus simple… Un soir, 3 heures ont été nécessaires pour rentrer. J’ai longtemps tournoyé dans un quartier pour désespérément trouver l’arrêt de mon bus (qui se résume à un autocollant placardé sur un poteau, dont on ne voit plus le numéro passé par le soleil et la pluie), pour finalement me résigner à faire un énorme détour en utilisant les trains et métros. Quand on est perdu, toujours s’en remettre aux rails…

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Il faut dire que le réseau est immense, car la ville est gigantesque ! Et ce n’est pas pour me déplaire, car elle regorge de petits parcs, musées, trésors, cachettes, légendes et autres coutumes culturelles qui créent le charme de la capitale. Alors à défaut de trouver ma perle, je me console avec les perles accessibles de cette ville.

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C’est avec des amis rencontrés sur place que je pars à la découverte de Buenos Aires. Au début de mon séjour, j’ai fait la connaissance de Mike, un anglais au look hippie et amoureux de la philosophie yoga, un vagabond à la Rimbaud qui visite des musées pieds nus… Ce jour-là, nous étions au musée d’art moderne latino-américain, après avoir fait le don du sang à l’hôpital pour enfants du quartier. Comme si la connexion directe avec le sol et le flux sanguin ralenti nous rendaient inspirés, nous philosophions sur toutes les œuvres d’art qui nous interloquaient. Plantés devant un tableau parfois pendant plus de 20 minutes, nous créions des histoires et faisions vivre les personnages, juste pour rire. Une visite fort enrichissante et rigolote !

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Buenos Aires est aussi la ville où j’ai rencontré Bambi ! Pas le vrai, mais le réel… celui qui se fait surnommer ainsi par ses amis. Un dimanche après-midi, il jouait de la trompette dans un petit parc au bord de la rivière. Intriguée, je suis allée lui parler, j’ai soufflé dans l’instrument et l’amitié était nouée. Le lendemain, Bambi m’avait invitée à le rejoindre pour un festival. Pensant passer un bon moment musical, je m’étais réjouie de cette invitation. En arrivant sur le lieu des festivités, j’ai vite compris que ce mot avait une autre signification… Ici, cela désigne un rassemblement. En l’occurrence, un rassemblement d’acroyoga ! Donc au lieu de me déchaîner au concert de l’été, j’ai volé sur les pieds d’acrobates musclés.

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J’ai aussi passé beaucoup de temps avec Ezequiel qui m’héberge depuis mon arrivée. Les asados (pratique nationale du barbecue) et soirées piscine entre potes étaient des rituels. Un soir, quelqu’un a sorti un jeu de poker. Une douzaine de joueurs se sont rassemblés autour d’une table, moi y compris. Deux trois personnes ont allumé leur cigarette, d’autres ont rempli leur verre. La simple annonce du poker angoisse et tend l’atmosphère. La première manche lancée, mes bonnes cartes se révèlent être les meilleures. Je gagne et prends l’avantage. Une heure plus tard, les plus démunis se sont fait évincer, j’ai eu le temps d’analyser les comportements : tout le monde suit son voisin, personne ne veut faire de vague, tous jouent seulement s’ils ont. Contre trois grosses fortunes encore en jeu, je mets donc all-in ! Tout le monde s’exclame ! Et tout le monde interprète cet acte comme le signe d’un jeu imbattable entre mes mains… Bluffés, les adversaires se couchent, je rafle la mise. En final, je me retrouve face à mon voisin, la dizaine d’yeux rivés sur nous, silencieux, attentifs, passionnés, captivés. Mes cartes me plaisent, j’y crois. Mon adversaire tape nerveusement ses doigts sur la table, ronge ses ongles, ricane gêné : il n’a rien. La manche tourne sérieusement en ma faveur, je pousse lentement mais sûrement l’ensemble de ma fortune au milieu de la table prétextant vouloir en finir avec ce jeu. Convaincu, il suit, il perd. Ce fût un moment glorieux, même si l’argent était factice !

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Buenos Aires est désormais une ville qui me paraît familière. En courant derrière ma belle, j’ai -en route- fait de belles rencontres humaines. Ces personnes sont devenues mes amis et j’espère pouvoir les recroiser en Amérique ou en Europe. Et dans la quête de mon Graal, je suis contente que le chemin en soit rendu agréable.

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